Le 7 mars 2025, la troisième session de la
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Assemblée populaire nationale a tenu une conférence de presse au Media Center Hotel. M. Wang Yi, Membre du Bureau politique du Comité central du Parti communiste chinois et Ministre des Affaires étrangères, a répondu aux questions de journalistes chinois et étrangers sur la politique étrangère et les relations extérieures de la Chine.
Wang Yi :
Chers amis de la presse, bonjour à toutes et à tous. C’est un grand plaisir pour moi de vous retrouver. Je voudrais vous remercier pour l’intérêt et le soutien que vous portez depuis toujours à la diplomatie chinoise.
L’année 2024 a été marquée par des transformations profondes sur l’échiquier international. C’était aussi une année de l’action déterminée de la Chine dans la réforme et le développement. Sous le pilotage du Secrétaire général Xi Jinping, la diplomatie chinoise a enregistré d’importants progrès. Nous avons créé un environnement extérieur propice au développement de qualité du pays et apporté des stabilités précieuses à un monde de transformations et de turbulences. La construction d’une communauté d’avenir partagé pour l’humanité avance à pas solides.
En 2025, la situation internationale fait toujours face à de multiples défis. Fidèles à l’engagement initial de la diplomatie chinoise, nous continuerons de travailler avec les autres pays pour avancer dans la bonne voie, suivre la tendance de notre temps, défendre l’équité et la justice internationales et préserver la paix et la stabilité dans le monde.
Maintenant, je suis prêt à répondre à vos questions.
CCTV : Pourriez-vous présenter les acquis de la diplomatie de Chef d’État obtenus durant l’année écoulée ? Que pouvons-nous attendre cette année ?
Wang Yi :
La diplomatie de Chef d’État est la forme suprême de la diplomatie chinoise. Avec l’engagement personnel du Président Xi Jinping durant l’année écoulée, elle a été riche en expériences fructueuses et intense en moments inoubliables. Les trois événements majeurs que la Chine a organisés, à savoir la Conférence commémorant le
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anniversaire de la proclamation des Cinq Principes de la Coexistence pacifique, le Sommet de Beijing du Forum sur la Coopération sino-africaine et le Forum sur la Coopération sino-arabe, ont posé un nouveau jalon dans le progrès collectif du Sud global. Les quatre déplacements importants que le Président Xi Jinping a effectués en Europe, en Asie centrale, en Amérique latine, ainsi qu’à l’occasion du Sommet des BRICS, ont fait émerger de nouvelles dynamiques pour la solidarité et la coopération dans le monde. Et les plus de 130 entretiens qu’il a eus en recevant de nombreux dirigeants et personnalités amies étrangers ont inscrit de nouvelles pages dans les annales de l’amitié entre la Chine et le reste du monde.
Leader d’un grand pays et d’un grand parti politique, le Président Xi Jinping, avec sa vision planétaire et son sens des responsabilités, a conduit la diplomatie chinoise dans une marche déterminée, novatrice et solide, favorisant une transformation positive et profonde des relations entre la Chine et le reste du monde : premièrement, les politiques et propositions chinoises sur le plan diplomatique, notamment les visions et initiatives majeures avancées par le Président Xi Jinping, sont de plus en plus saluées et soutenues par la communauté internationale ; deuxièmement, le rôle actif joué par la Chine dans la réponse aux multiples défis planétaires et le règlement des dossiers chauds et épineux est de plus en plus attendu et apprécié par les pays du monde ; troisièmement, le succès de la modernisation à la chinoise et les expériences qu’elle offre sont reconnus par de plus en plus de pays désireux de s’en inspirer.
2025 sera une année importante pour la Chine comme pour le monde. La diplomatie de Chef d’État connaîtra de nouveaux moments forts. Le mois dernier, le Président Xi Jinping a assisté à la cérémonie d’ouverture des Jeux asiatiques d’hiver, le premier des événements importants que la Chine organise cette année. Nous commémorerons solennellement le
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anniversaire de la victoire de la Guerre de résistance du peuple chinois contre l’agression japonaise et de la Guerre mondiale antifasciste, et accueillerons des rendez-vous majeurs dont le Sommet de l’Organisation de Coopération de Shanghai. Plusieurs déplacements à l’étranger du Président Xi Jinping sont aussi prévus. Autant d’actions diplomatiques qui inscriront de nouvelles pages dans les annales des efforts communs et des succès collectifs de la Chine et du reste du monde.
ITAR-TASS :Depuis le début 2024, les dirigeants chinois et russes ont eu des interactions intenses et les relations sino-russes poursuivent un développement sain. Mais certains craignent que les récents dialogues entre la Russie et les États-Unis n’affectent la coordination stratégique sino-russe. Quel est votre commentaire sur les relations sino-russes ?
Wang Yi :
Il y avait chaque année une question sur la relation sino-russe, mais à chaque fois posée sous un angle différent. J’aimerais souligner que quelle que soit l’évolution de la situation internationale, la logique historique de l’amitié sino-russe ne changera pas, et les forces endogènes de l’amitié sino-russe ne diminueront pas.
Sur la base d’un bilan approfondi des expériences historiques, la Chine et la Russie ont décidé de maintenir leurs relations de bon voisinage et d’amitié à perpétuité, de mener une coordination stratégique globale et de rechercher une coopération mutuellement bénéfique, car cela correspond le plus aux intérêts fondamentaux des deux peuples et à la direction du progrès de notre temps. Elles ont exploré une approche de coexistence basée sur le non-alignement, la non-confrontation et la non-hostilité envers les tiers, ce qui est à l’avant-garde des relations de type nouveau entre grands pays et donne l’exemple des relations entre pays voisins. Une relation sino-russe mûre, résiliente et stable ne change pas au gré des circonstances ni ne se soumet aux perturbations des tiers. C’est une constante pour un monde de turbulences, et non une variable dans les jeux géopolitiques.
L’année 2024 a été le
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anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques sino-russes. Le Président Xi Jinping et le Président Vladimir Poutine se sont rencontrés trois fois, orientant ensemble le partenariat de coordination stratégique global sino-russe à l’ère nouvelle vers une nouvelle phase historique.
Cette année marque le
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anniversaire de la victoire de la Seconde Guerre mondiale. Les nations chinoise et russe ont respectivement mené des combats acharnés sur les principaux théâtres d’opérations en Asie et en Europe et apporté, au prix d’immenses sacrifices, une contribution historique importante à la victoire de la Guerre mondiale antifasciste. Les deux pays commémoreront ensemble cette année anniversaire importante et saisiront l’opportunité ainsi offerte pour promouvoir une vision juste de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, défendre les acquis de cette victoire, préserver le système international centré sur l’ONU et faire évoluer l’ordre international dans un sens plus juste et plus équitable.
Agence Xinhua : Vous avez dit que la diplomatie chinoise avait apporté en 2024 des stabilités précieuses à un monde de transformations et de turbulences. En 2025, la situation internationale pourrait être plus incertaine et plus instable. Quel rôle y jouera la diplomatie chinoise ?
Wang Yi :
Le monde d’aujourd’hui traverse des transformations et des turbulences. La certitude devient de plus en plus une ressource rare dans le monde. Le choix que font les différents pays, notamment les grands pays, déterminera la direction dans laquelle avance notre époque et influencera l’échiquier mondial. La diplomatie chinoise se tiendra fermement du bon côté de l’Histoire et du progrès de l’humanité, et œuvrera à stabiliser notre monde incertain par la certitude de la Chine.
Nous serons une force résolue pour défendre nos intérêts nationaux. Le peuple chinois a une tradition glorieuse de persévérance. Nous nous gardons de tout acte provocateur, mais nous n’avons pas peur de provocations. Aucun acte de pression maximale, de menace et de chantage ne saurait ébranler la détermination ferme des 1,4 milliard de Chinois, ni empêcher la marche historique de la nation chinoise vers son grand renouveau.
Nous serons une force de justice pour préserver la paix et la stabilité mondiales. Nous continuerons d’élargir nos partenariats dans le monde caractérisés par l’égalité, l’ouverture et la coopération, poursuivrons activement le règlement des dossiers chauds à la chinoise, et œuvrerons avec le Sud global à écrire un nouveau chapitre du renforcement dans l’unité. Nous démontrerons par les faits que la voie du développement pacifique est une voie radieuse pour le long terme et doit être le choix de tous les pays du monde.
Nous serons une force de progrès pour sauvegarder l’équité et la justice internationales. En poursuivant le véritable multilatéralisme et en gardant à l’esprit l’avenir de l’humanité et le bien-être de la population, nous travaillerons à promouvoir la gouvernance mondiale marquée par d’amples consultations, la contribution conjointe et les bénéfices partagés, observerons les buts et principes de la Charte des Nations Unies et bâtirons un plus large consensus sur la construction d’un monde multipolaire égal et ordonné.
Nous serons une force constructive pour promouvoir le développement partagé dans le monde. Nous continuerons d’élargir l’ouverture sur l’extérieur de haut niveau et de partager avec les autres pays les nombreuses opportunités offertes par la modernisation à la chinoise. Nous travaillerons à préserver le système multilatéral de libre-échange, à créer un cadre de coopération internationale ouvert, inclusif et non discriminatoire, et à promouvoir une mondialisation économique bénéfique pour tous et inclusive.
CNN : Après son retour à la Maison blanche, le Président Donald Trump poursuit la politique d’« Amérique d’abord ». Il a parlé du retrait des États-Unis des organisations internationales et des traités internationaux dont le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies et l’OMS. Pensez-vous que c’est une opportunité stratégique pour la Chine de remodeler le paysage international dans les affaires mondiales ?
Wang Yi :
Il y a plus de 190 pays dans le monde. Si chacun insiste sur « son pays d’abord » et croit que la force fait la loi, le monde sera de nouveau régné par la loi de la jungle, les pays petits et faibles en seront les premières victimes, et les règles et l’ordre internationaux seront gravement impactés.
Lors de la Conférence de paix à Paris il y a plus d’un siècle, les Chinois ont lancé une interrogation majeure : C’est le droit qui l’emporte sur la force ou bien la force qui prime le droit ?La diplomatie de la Chine nouvelle se met fermement du côté de la justice internationale et s’oppose résolument à la politique du plus fort et à l’hégémonie. L’Histoire doit progresser et non reculer. Les grands pays doivent assumer leurs obligations internationales et s’acquitter des responsabilités qui leur incombent. Il ne faut pas avoir les yeux rivés sur les intérêts, encore moins s’appuyer sur la puissance pour malmener les faibles. En Occident, on dit qu’il n’y a pas d’amis éternels mais que des intérêts éternels. Or, pour nous, Chinois, les amis doivent être éternels et les intérêts doivent être partagés.
Avec une juste perception de la tendance historique et contemporaine, le Président Xi Jinping a avancé la vision de la construction d’une communauté d’avenir partagé pour l’humanité et appelé les pays du monde à transcender toutes sortes de divergences et de différences pour préserver ensemble notre seule planète Terre et construire ensemble le village planétaire où tous les pays sont interdépendants. Cette vision majeure incarne la brillante tradition de la civilisation chinoise qui valorise la primauté de l’intérêt général et démontre l’engagement internationaliste des communistes chinois. Elle permet de nous placer à la hauteur du bien-être de toute l’humanité, ce qui me fait penser à un poème chinois qui dit « quand on monte à la cime d’une montagne, tous les monts paraîtront petits dans un regard panoramique ». Nous sommes heureux de constater que de plus en plus de pays participent à la construction de la communauté d’avenir partagé pour l’humanité, qu’une centaine de pays soutiennent l’Initiative pour le développement mondial, l’Initiative pour la sécurité mondiale et l’Initiative pour la civilisation mondiale, et que plus des trois quarts des pays du monde nous rejoignent dans la grande famille de l’Initiative « la Ceinture et la Route ». L’Histoire prouvera que ceux qui se soucient de tous seront les véritables gagnants. La construction collective d’une communauté d’avenir partagé pour l’humanité permettra de bâtir un monde pour tous les pays et d’ouvrir un avenir pour tous.
Radio Republik Indonesia : Plus le monde est instable et incertain, plus les pays en développement et les États petits et moyens risquent d’en être les premières victimes. Que doivent faire les pays du Sud global pour défendre leurs intérêts ?
Wang Yi :
Le monde d’aujourd’hui est en transformations. Cette dynamique vient du Sud. Le renforcement du Sud global est la caractéristique la plus marquante de notre époque. Il représente aujourd’hui plus de 40% de l’économie mondiale et contribue à hauteur de 80% à la croissance mondiale, devenant un acteur clé pour sauvegarder la paix, stimuler le développement et promouvoir la gouvernance mondiale.
Sur fond de transformations inédites depuis un siècle, l’équilibre des rapports entre l’Est et l’Ouest, le Sud et le Nord connaît des changements historiques. Pour construire un monde plus stable et meilleur, le Sud global aura un rôle clé à jouer.
Le Sud global doit poursuivre son émergence. Au début de cette année, l’Indonésie est devenue membre à part entière du BRICS, et neuf pays partenaires se sont joints à cette grande famille. Le BRICS est en passe de devenir un pilier de coopération et un moteur de croissance du Sud global. Nous avons à renforcer encore davantage le BRICS élargi pour que le Sud global avance avec une plus forte dynamique.
Le Sud global doit poursuivre sa solidarité. Cette année, la Chine tiendra le Sommet de l’OCS, et le Brésil et l’Afrique du Sud accueilleront respectivement le Sommet des BRICS et le Sommet du G20. Nous devons parler d’une seule voix sur la scène internationale, défendre nos intérêts communs et accroître sans cesse notre représentation et notre droit à la parole dans la gouvernance mondiale.
Le Sud global doit poursuivre son développement. En novembre dernier, le Président Xi Jinping a annoncé huit actions que prendrait la Chine pour soutenir le développement mondial, donnant une nouvelle impulsion à l’accélération du progrès du Sud global. Nous devons continuer de placer le développement au cœur de l’agenda international, accroître la dynamique et renforcer les capacités de développement pour avancer main dans la main sur la voie de la modernisation.
La Chine est membre naturel du Sud global, et ce de par notre histoire commune de lutte contre le colonialisme et l’hégémonisme et notre mission commune de réaliser le développement et le redressement. Quels que soient les aléas internationaux, la Chine aura toujours son cœur et ses racines dans le Sud global. Elle est prête à travailler avec tous les autres pays du Sud pour inscrire un nouveau chapitre dans les annales de l’histoire de l’humanité.
Bloomberg : Les États-Unis et la Russie ont commencé des négociations directes pour mettre fin à la crise ukrainienne. Le Président Donald Trump s’est dit favorable à l’aide chinoise dans ce processus. Quel rôle la Chine pense-t-elle devoir jouer ?
Wang Yi :
Dès le premier jour de la crise, la Chine a appelé au dialogue et à la négociation pour un règlement politique de la crise et travaillé activement pour la paix et les pourparlers. Le Président Xi Jinping a avancé, peu après la crise, un principe important en quatre points, nous indiquant l’orientation à suivre. À la lumière de ce principe, nous avons publié la Position de la Chine sur le règlement politique de la crise ukrainienne. Notre envoyé spécial a fait des navettes diplomatiques. Ensemble avec le Brésil et d’autres pays du Sud global, nous avons lancé à l’ONU le groupe des amis pour la paix. Notre position est depuis toujours une position objective et impartiale, et notre voix, une voix calme et équilibrée. Notre objectif, c’est de créer les conditions et de bâtir le consensus pour le règlement de la crise.
La Chine accueille favorablement et soutient tout effort en faveur de la paix. Dans le même temps, il faut avoir à l’esprit que cette crise a des causes complexes. Comme dit un proverbe chinois : Une glace épaisse ne se fait pas en un seul jour. Ainsi, elle ne fond pas du jour au lendemain. Le conflit ne fait pas de gagnants, et la paix ne fait pas de perdants. C’est sur la table de négociations que le conflit prend fin et que la paix se rétablit. Certes, les différentes parties ne partagent pas la même position, mais elles souhaitent toutes conclure un accord de paix équitable, durable, contraignant et accepté par toutes les parties concernées. C’est un consensus précieux durement acquis et un objectif commun à poursuivre. La Chine est prête à travailler avec la communauté internationale, conformément à la volonté des parties au conflit, pour continuer de jouer un rôle constructif en vue d’un règlement définitif de la crise et de la réalisation d’une paix durable.
Je voudrais ajouter que la crise ukrainienne a perduré depuis plus de trois ans. Le recul permet de voir que cette tragédie aurait pu être évitée. Les différentes parties doivent en tirer les leçons. La sécurité est mutuelle et égale. La sécurité d’un pays ne peut se fonder sur l’insécurité des autres. Il est important de porter et de pratiquer la nouvelle vision de sécurité commune, intégrée, coopérative et durable. Ce n’est qu’ainsi qu’il pourra y avoir de la paix et de la stabilité de long terme sur le continent eurasiatique et dans le monde entier.
CGTN : L’émergence de DeepSeek montre la capacité d’innovation de la Chine dans le domaine de l’intelligence artificielle. Certains estiment que les États-Unis ont du mal à accepter l’avance technologique de la Chine. Comment voyez-vous la concurrence technologique entre la Chine et les États-Unis ?
Wang Yi :
Ces derniers temps, l’innovation scientifique et technologique chinoise n’a cessé de dépasser l’imagination. Du projet « deux bombes, un satellite » aux missions Shenzhou et Chang’e, et puis à la 5G, au calcul quantique et à DeepSeek, les Chinois, de génération en génération, n’ont jamais relâché l’effort et la Chine s’est engagée sur une voie de plus en plus large vers un grand pays scientifique et technologique.
Certes, ce n’est pas une voie sans obstacles. Qu’il s’agisse du spatial ou des puces, la Chine a subi une répression injustifiée imposée sans arrêt de l’extérieur. Mais, là où il y a un blocus, il y a une percée. Là où il y a un étouffement, il y a une innovation. Là où la tempête est la plus forte, il y a le champ d’action pour les sciences et technologies chinoises d’émerveiller le monde, comme Nezha qui fend les vagues. Comme l’a décrit un poème chinois, « aucune montagne ne saurait empêcher un grand fleuve de se jeter dans la mer ». Construire une petite cour avec de hauts murs ne saura bloquer l’esprit novateur. Poursuivre le découplage et la rupture des chaînes ne reviendra qu’à s’isoler.
Les sciences et technologies ne doivent pas être utilisées pour ériger un rideau de fer. Elles doivent être une richesse bénéfique pour tous. Pour promouvoir le développement commun de l’humanité, la Chine met en œuvre solidement l’Initiative mondiale pour la gouvernance de l’intelligence artificielle avancée par le Président Xi Jinping. Elle a publié le
Plan d’action sur le renforcement des capacités en matière d’intelligence artificielle pour le bien et pour tous
. Elle a lancé ensemble avec le Brésil, l’Afrique du Sud et l’Union Africaine l’Initiative sur la coopération internationale pour la science ouverte, appelant à accorder de l’importance au renforcement des capacités technologiques du Sud global pour qu’aucun pays ne soit laissé en arrière. Nous entendons partager les fruits de l’innovation avec davantage de pays et poursuivre avec tous nos rêves dans la profondeur des mers et des étoiles.
Reuters : Peu après son retour à la Maison blanche, Donald Trump a imposé de nouveaux droits de douane sur les produits chinois sous prétexte du fentanyl, tout en exprimant son souhait d’établir de bonnes relations avec la Chine. Quelles seront les différences dans la manière dont la Chine interagira avec les États-Unis par rapport au premier mandat de l’administration Trump ?
Wang Yi :
Le respect mutuel est une norme fondamentale régissant les échanges interétatiques. C’est aussi un préalable important aux relations sino-américaines. Aucun pays ne doit se faire l’illusion qu’il peut développer de bonnes relations avec la Chine tout en cherchant à la réprimer et à la contenir. Cette pratique de double jeu ne contribue ni à la stabilité des relations bilatérales ni à la confiance mutuelle.
Sur le fentanyl, il faut que les choses soient claires. La Chine a toujours lutté fermement contre le trafic et la production de drogues. Notre politique antidrogue est la plus stricte et la plus complète au monde. Déjà en 2019, à la demande de la partie américaine, nous avons classé en premier les analogues du fentanyl comme substances contrôlées. L’abus de fentanyl aux États-Unis est un problème auquel le pays doit lui-même faire face et trouver une solution. Dans l’esprit humanitaire, nous leur avons prêté assistance sous différentes formes. Les États-Unis ne doivent pas rendre le mal pour le bien, encore moins imposer arbitrairement des surtaxes douanières à l’encontre de la Chine. Ce n’est pas un comportement digne d’un grand pays responsable.
Un adage chinois dit : « Face à l’échec, chercher la cause en soi-même. » Les États-Unis doivent voir ce qu’ils ont obtenu ces dernières années avec leurs guerres tarifaire et commerciale. Le déficit commercial a-t-il augmenté ou diminué ? L’industrie manufacturière est-elle devenue plus compétitive ou moins compétitive ? L’inflation s’est-elle atténuée ou aggravée ? Les Américains vivent-ils mieux ou pire ? Les relations commerciales entre la Chine et les États-Unis se développent dans les deux sens et reposent sur la réciprocité. Choisir la coopération apportera des bénéfices mutuels, tandis qu’exercer arbitrairement les pressions entraînera des contre-mesures fermes de la part de la Chine.
La Chine et les États-Unis sont respectivement le plus grand pays en développement et le plus grand pays développé au monde. Ils continueront d’exister sur cette planète et doivent de ce fait coexister en paix. Comme l’a indiqué le Président Xi Jinping lors de son entretien téléphonique avec le Président Donald Trump au début de l’année, le conflit et la confrontation ne doivent pas être une option. La Chine et les États-Unis partagent de larges intérêts communs et de vastes espaces de coopération. Ils peuvent devenir partenaires pour réussir et prospérer ensemble.
La Chine poursuivra le principe de respect mutuel, de coexistence pacifique et de coopération gagnant-gagnant avancé par le Président Xi Jinping pour œuvrer à un développement stable, sain et durable des relations sino-américaines. Dans le même temps, nous espérons que les États-Unis pourront se mettre à l’écoute des peuples chinois et américain, discerner la tendance générale de l’Histoire, porter un regard objectif et rationnel sur le développement de la Chine, mener de manière active et pragmatique des échanges avec la Chine, et travailler avec la Chine pour trouver ensemble une bonne approche de coexistence qui soit bénéfique pour les deux pays et le monde entier.
Quotidien du Peuple : Comment la Chine voit-elle le rôle de l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) à l’heure actuelle ? Quelles propositions avancera-t-elle pendant sa présidence de l’Organisation ? Quels dossiers seront abordés lors du prochain Sommet de l’OCS en Chine ?
Wang Yi :
Cette année est une « année chinoise » pour l’Organisation de Coopération de Shanghai. L’OCS, née en Chine et portant le nom de Shanghai, revêt une signification particulière pour nous. Nous sommes très heureux d’accueillir un nouveau sommet de l’OCS chez nous.
Ce qui nous réjouit encore plus, c’est que après 24 ans de développement, cette organisation avec 6 membres fondateurs est devenue une grande famille de 26 pays. Elle est aujourd’hui la plus grande organisation de coopération régionale en termes de couverture géographique et de population.
Le renforcement de l’OCS tient au fond à son attachement à l’esprit de Shanghai, à sa fidélité à ses principes fondateurs que sont la confiance mutuelle, le bénéfice mutuel, l’égalité, les consultations, le respect de la diversité des civilisations et la recherche du développement commun, ainsi qu’à ses efforts réussis pour ouvrir une nouvelle voie de coopération régionale.
Assumant la présidence de l’OCS, la Chine organise durant cette année autour de « poursuivre l’esprit de Shanghai : l’OCS en action » une centaine d’activités dans les domaines politique, sécuritaire, économique, humain, culturel et autres. Nous travaillerons à faire rayonner l’esprit de Shanghai par des actions chinoises et à faire progresser l’OCS par le « moteur chinois ».
J’aimerais vous annoncer que nous tiendrons cet automne le Sommet de l’OCS à Tianjin. Les dirigeants des pays de l’OCS se réuniront dans cette ville au bord du fleuve Haihe pour faire le bilan des expériences réussies, dresser les perspectives de développement et forger le consensus de coopération, de sorte que l’Organisation entame un nouveau départ depuis la Chine pour construire une communauté d’avenir partagé de l’OCS encore plus solide.
Global Times : Selon certains, l’ordre international se trouve actuellement au moment le plus dangereux depuis la Seconde Guerre mondiale et l’ONU voit son autorité et son rôle s’affaiblir. Comment éviter une telle situation ? Quel rôle jouera la Chine à cet égard ?
Wang Yi :
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anniversaire de la fondation de l’ONU. Vers la fin de la Seconde Guerre mondiale, la décision la plus importante prise par la communauté internationale a été la création de l’ONU en tant que plateforme centrale pour préserver la paix mondiale et promouvoir la gouvernance mondiale. Comme les faits l’ont prouvé, l’ONU a résisté aux épreuves et joué son rôle.
La situation a beaucoup changé depuis. L’unilatéralisme et la politique du plus fort gagnent du terrain. L’ONU a fait l’objet de remises en cause multiples. Mais la Chine estime que plus les problèmes sont complexes, plus il faut mettre l’accent sur la place importante des Nations Unies. Plus les défis sont urgents, plus il faut préserver l’autorité des Nations Unies qui leur revient.
Les pays du monde souhaitent tous éviter le retour de notre monde à la loi de la jungle. Pour ce faire, nous devons d’abord consolider la pierre angulaire qu’est l’égalité souveraine. Il faut reconnaître que tous les pays, grands ou petits, puissants ou faibles, sont membres égaux de la communauté internationale. Le monde ne peut être aux diktats des plus musclés. Ensuite, nous devons poursuivre le principe de l’équité et de la justice. Il faut s’opposer au monopole des affaires internationales par une minorité de pays. La voix du Sud global doit être davantage écoutée. Les droits et intérêts légitimes des différents pays doivent être pleinement protégés. Troisièmement, nous devons rester attachés à la vision du multilatéralisme. Il faut poursuivre le principe d’amples consultations, de contribution conjointe et de bénéfices partagés, remplacer la confrontation des blocs par l’inclusion et la collaboration et les « petits cercles » par une grande solidarité. Quatrièmement, nous devons renforcer l’autorité de l’état de droit international. Les grands pays en particulier doivent donner l’exemple en honorant leurs engagements et en respectant l’état de droit, rejeter le double standard et les approches sélectives et s’abstenir de tout acte d’intimidation, de tromperie et d’extorsion.
La Chine, fondatrice et bénéficiaire de l’ordre international d’après-guerre, est naturellement aussi son défenseur et son bâtisseur. Nous n’avons aucune intention de créer un nouvel ordre ni ne soutenons les tentatives, de quelque pays que ce soit, d’en faire table rase. Membre permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies et consciente des responsabilités internationales qui lui incombent, la Chine préservera résolument le rôle central des Nations Unies, jouera un rôle pilier dans le système multilatéral et plaidera la juste cause du Sud global. Le mois dernier, la Chine a présidé au Conseil de Sécurité la Réunion de haut niveau « pratiquer le multilatéralisme, réformer et promouvoir la gouvernance mondiale ». Plus de 100 pays y ont participé activement, inaugurant la commémoration du
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anniversaire de la fondation de l’ONU. Nous entendons travailler avec les différentes parties pour réaffirmer notre attachement à la mission fondatrice des Nations Unies, rester fidèles aux buts et principes de leur Charte et bâtir un système de gouvernance mondiale plus juste et plus raisonnable.
Agence Anadolu : Les États-Unis ont annoncé vouloir « prendre le contrôle » et « prendre possession » de Gaza et déplacer les Palestiniens de Gaza vers les pays voisins. Comment voyez-vous ce plan américain et le futur développement de Gaza ? Quel est le rôle de la Chine pour la paix et la stabilité au Moyen-Orient ?
Wang Yi :
Gaza appartient au peuple palestinien et fait partie intégrante du territoire palestinien. Tout acte d’imposer un changement de statut de Gaza, au lieu d’amener la paix, ne provoquera que de nouvelles instabilités. Nous soutenons le plan lancé par l’Égypte et les autres États arabes visant à rétablir la paix à Gaza. Il ne faut pas contrer la volonté du peuple ni abandonner la justice. Un grand pays qui se soucie vraiment de la population de Gaza doit promouvoir un cessez-le-feu complet et durable, accroître les aides humanitaires, respecter le principe de la « gouvernance de la Palestine par les Palestiniens » et contribuer à la reconstruction de Gaza.
Le monde ne peut être tranquille tant que le Moyen-Orient n’est pas en paix. La question palestinienne demeure au cœur de la question du Moyen-Orient. Le cycle incessant du conflit palestino-israélien s’explique fondamentalement par le fait que la « solution à deux États » est seulement mise en œuvre à moitié. L’État d’Israël est établi depuis longtemps, tandis que la création d’un État palestinien reste encore une perspective lointaine. Dans la prochaine étape, la communauté internationale doit accorder une plus grande priorité à la « solution à deux États » et soutenir davantage la création d’un État palestinien indépendant. Ce n’est qu’ainsi que la Palestine et Israël pourront réellement coexister en paix et que les Arabes et les Juifs pourront vivre en amitié sur le long terme. À cet effet, les différentes factions palestiniennes doivent d’abord mettre en œuvre la Déclaration de Beijing et se renforcer dans l’unité, les différentes parties au Moyen-Orient doivent transcender leurs divergences et soutenir la création d’un État palestinien, et la communauté internationale doit travailler à forger le consensus et promouvoir la paix entre la Palestine et Israël.
La Chine est un partenaire stratégique des pays du Moyen-Orient et un ami sincère des frères arabes. Nous continuerons d’œuvrer résolument à la justice, à la paix et au développement des peuples du Moyen-Orient et de soutenir les pays de la région dans leurs efforts visant à prendre en main leur propre avenir, à explorer en toute indépendance leur voie de développement et à réaliser au plus tôt le rêve de la paix et du redressement.
News Agency of Nigeria : L’année dernière, la Chine a tenu avec succès le Sommet de Beijing du Forum sur la Coopération sino-africaine. Vous avez visité l’Afrique au début de cette année. Que fera la Chine pour concrétiser les acquis du Sommet et contribuer au développement et au redressement de l’Afrique ?
Wang Yi :
La Chine et l’Afrique sont depuis toujours bons amis, bons partenaires et bons frères partageant le même destin. Sous le pilotage du Président Xi Jinping et des dirigeants africains, les relations sino-africaines sont entrées dans la meilleure période de l’histoire, les relations bilatérales entre la Chine et chacun des pays africains ayant avec elle des relations diplomatiques ont été portées au niveau de partenariat stratégique et la communauté d’avenir partagé Chine-Afrique a été rehaussée à une communauté d’avenir partagé de tout temps.
Cette année marque le
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anniversaire de la création du FOCAC. Durant les 25 années écoulées, la Chine a aidé l’Afrique à construire et à moderniser près de 100 000 kilomètres de routes et plus de 10 000 kilomètres de chemins de fer. Rien que ces trois dernières années, les entreprises chinoises ont créé plus de 1,1 million d’emplois sur le continent. La Chine est restée le premier partenaire commercial de l’Afrique depuis 16 ans consécutifs. La coopération sino-africaine a apporté à nos frères et sœurs africains des résultats visibles, tangibles et bénéfiques. L’année dernière, un agriculteur gambien a spécialement fait envoyer du riz hybride cultivé par lui-même à la province du Hunan pour rendre hommage à Monsieur Yuan Longping, car grâce au riz hybride chinois, lui et ses compatriotes sont sortis de la faim pour embrasser l’espoir. De telles histoires se produisent tous les jours en Afrique.
L’Afrique est une terre prometteuse du
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siècle. Sans sa modernisation, il n’y aura pas de modernisation mondiale. La stabilité et le développement de ce continent mettent en jeu l’avenir commun de l’humanité. Le monde doit écouter la voix de l’Afrique et prendre au sérieux ses préoccupations. Elle connaît aujourd’hui un nouvel éveil et les pays du monde doivent la soutenir dans ses efforts pour trouver une nouvelle voie de développement autonome.
Cette année marque le début de la mise en œuvre des acquis du Sommet de Beijing. Nous entendons travailler, dans le cadre des dix Actions de partenariat sur la modernisation, à accompagner l’Afrique pour accélérer son industrialisation et sa modernisation agricole, à mettre en œuvre le traitement de tarif douanier zéro à 100% de catégories de produits, à cultiver de nouveaux pôles de croissance tels que le numérique, le développement vert et l’intelligence artificielle, à concrétiser 1 000 projets de bien-être social petits et beaux, à renforcer les échanges d’expériences sur la gouvernance et à augmenter la représentation et le droit à la parole de l’Afrique dans les affaires internationales. Cette année, le sommet du G20 se tiendra pour la première fois sur le continent africain. La Chine soutient fermement la présidence sud-africaine en vue de marquer la gouvernance mondiale d’une belle « empreinte africaine ».
Phoenix TV : Depuis un certain temps, on entend dire dans quelques pays occidentaux que la résolution 2758 de l’Assemblée générale des Nations Unies ne signifie pas le principe d’une seule Chine et que la résolution n’a pas clarifié l’appartenance de Taiwan ni interdit la participation de Taiwan aux organisations internationales. Que répondriez-vous ?
Wang Yi :
Ces propos constituent un flagrant défi à l’autorité des Nations Unies et à l’ordre international d’après-guerre. C’est extrêmement absurde et dangereux. Ceux qui en sont à l’origine ont à compléter leurs connaissances générales.
Taiwan fait partie intégrante du territoire chinois. C’est une réalité historique et factuelle. Cette année marque le
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anniversaire du recouvrement de Taiwan. La victoire de la Guerre de résistance du peuple chinois contre l’agression japonaise a permis à Taiwan de retourner dans le giron de la Chine. La
Déclaration du Caire et la Proclamation de Potsdam
, publiées par les principaux pays vainqueurs, ont toutes explicitement affirmé l’impératif de restituer Taiwan, dérobé par le Japon, à la Chine. Le Japon a lui aussi annoncé sa reconnaissance de la
Proclamation de Potsdam
et sa capitulation inconditionnelle. Tout cela confirme la souveraineté de la Chine sur Taiwan et constitue une composante importante de l’ordre international d’après-guerre.
En 1971, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté à une majorité écrasante la résolution 2758, décidant le rétablissement de la République populaire de Chine dans tous ses droits à l’ONU ainsi que l’expulsion immédiate des représentants des autorités de Taiwan de l’ONU et de tous les organismes qui s’y rattachent. Cette résolution a réglé définitivement la question de la représentation de la Chine tout entière dont fait partie Taiwan au sein des Nations Unies, et exclu toute possibilité de créer « deux Chine » ou « une Chine, un Taiwan ». À l’ONU, la région de Taiwan n’a qu’une seule appellation qui est « Taiwan, province de la Chine ». Taiwan n’a jamais été un État, et il ne le sera jamais. Prôner l’« indépendance de Taiwan », c’est diviser la Chine. Soutenir l’« indépendance de Taiwan », c’est s’ingérer dans les affaires intérieures de la Chine. Inciter à l’« indépendance de Taiwan », c’est saboter la stabilité dans le détroit de Taiwan.
Le principe de la souveraineté est la pierre angulaire de la Charte des Nations Unies. Aucun pays ni aucun individu ne doit y pratiquer le double standard. Respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale des pays signifie soutenir la réunification complète de la Chine. Poursuivre le principe d’une seule Chine implique s’opposer à l’« indépendance de Taiwan » sous toutes ses formes. Réaliser la réunification complète de la patrie est l’aspiration commune de tous les Chinois. C’est une tendance irrésistible et une juste cause de la nation. Mener des activités sécessionnistes visant l’« indépendance de Taiwan », c’est jouer avec le feu. Chercher à « contenir la Chine par Taiwan », c’est faire une tentative vaine. La réunification de la Chine est certaine et inéluctable.
Associated Press of Pakistan : La Chine attache une grande importance à ses relations avec son voisinage. Cependant, le déploiement par les États-Unis de systèmes de missiles à portée intermédiaire dans la région a provoqué des tensions. Comment la Chine voit-elle la situation dans son voisinage ? Y a-t-il de nouvelles considérations pour la politique diplomatique chinoise à l’égard de la région ?
Wang Yi :
Depuis le début de ce siècle, l’Asie a maintenu une croissance rapide, devenant un pôle de développement et un oasis de paix et de stabilité dans le monde. Ce fruit obtenu au prix de grands efforts mérite d’être soigneusement préservé. L’Asie est une terre de vie pour les Chinois, et aussi un foyer commun de la Chine et des autres pays asiatiques. Le Président Xi Jinping a avancé le principe d’amitié, de sincérité, de bénéfice mutuel et d’inclusion, guidant nos efforts pour ouvrir de nouveaux horizons à l’amitié et à la coopération avec nos pays voisins. Actuellement, la Chine et 17 de ses pays voisins ont réalisé un consensus sur la construction d’une communauté d’avenir partagé, et la péninsule indochinoise et l’Asie centrale sont deux sous-régions très engagées dans la construction de la communauté d’avenir partagé. La Chine a signé avec 25 pays de son voisinage des accords de coopération dans le cadre de l’Initiative « la Ceinture et la Route », et elle est le premier partenaire commercial de 18 pays de la région. La Chine d’aujourd’hui est une ancre de stabilité, un moteur de croissance et un pilier de sécurité pour l’Asie.
Il est naturel qu’il y ait des désaccords entre voisins. L’important, c’est de gérer de manière appropriée les problèmes légués par l’histoire et les divergences d’intérêts d’aujourd’hui. Nous avons la conviction que l’harmonie en famille promet la prospérité. Tant que nous portons la vision du foyer commun, tenons le cap de la communauté d’avenir partagé et poursuivons les consultations d’égal à égal dans un esprit de compréhension mutuelle et de bonne entente, nous pourrons régler nos divergences et réaliser une coopération gagnant-gagnant. La Chine continuera d’élargir son ouverture sur ses pays voisins, y compris de manière unilatérale, pour partager davantage avec eux les dividendes de son développement.
Quant au déploiement de missiles à portée intermédiaire par les États-Unis dans la région, la Chine s’y oppose fermement. Les autres pays de la région n’en veulent pas non plus. Cela fait des années que les États-Unis ont avancé leur prétendue « stratégie indopacifique », mais qu’est-ce qu’ils ont vraiment fait pour les pays de la région ? Rien, si ce n’est de semer des troubles et de créer des divergences. Ils sont plus capables de détruire que d’accomplir.
L’Asie n’est pas une arène de lutte des grandes puissances. Elle doit être un champ de démonstration pour la coopération internationale. Nous préconisons un régionalisme ouvert pour partager ensemble les opportunités du développement de l’Asie sur la base du respect mutuel et des bénéfices partagés.
AFP : La Chine et l’Union européenne font face à des tensions commerciales persistantes, notamment dans les domaines des énergies renouvelables et des voitures électriques. Comment votre Ministère voit-il le futur développement des relations sino-européennes ?
Wang Yi :
Cette année marque le
50
e
anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et l’Union européenne. Comme l’ont montré les échanges Chine-UE au cours des 50 ans écoulés, l’expérience la plus précieuse est le respect mutuel, la force motrice la plus puissante est le bénéfice partagé, le consensus le plus solide est l’attachement au multilatéralisme et la définition la plus pertinente est le partenariat.
Au cours des 50 ans écoulés, la coopération Chine-UE a réalisé des progrès remarquables. Le volume de leurs échanges commerciaux est passé de 2,4 milliards à 780 milliards de dollars américains. Les investissements dans les deux sens, autrefois quasi inexistants, se sont élevés à environ 260 milliards de dollars américains. Les lignes de fret ferroviaire Chine-Europe, avec plus de 100 000 convois expédiés, sont devenues un corridor d’or reliant l’Asie et l’Europe.
Aujourd’hui, 50 ans après, la Chine et l’UE représentent plus d’un tiers de l’économie mondiale. La coopération sino-européenne a une portée stratégique et internationale encore plus importante. Une relation saine et stable entre la Chine et l’UE non seulement contribuera à la réussite de l’une comme de l’autre, mais aussi apportera de la lumière à notre monde.
Comme le Président Xi Jinping l’a indiqué lors de son entretien téléphonique avec le Président du Conseil européen António Costa au début de cette année, plus la situation internationale est grave et complexe, plus la Chine et l’UE doivent rester fidèles à leur engagement initial scellé il y a 50 ans, intensifier leur communication stratégique, renforcer leur confiance stratégique mutuelle et continuer de considérer l’une l’autre comme partenaire. Nous avons toujours confiance en l’Europe, et nous sommes convaincus que l’UE pourra être un partenaire fiable de la Chine. La Chine et l’UE ont la capacité et la sagesse de résoudre adéquatement les problèmes existants par les consultations amicales et d’ouvrir ensemble cinq nouvelles décennies encore plus prometteuses.
China Daily : Des sondages montrent que les opinions positives sur la Chine ont augmenté de manière significative en Asie du Sud-Est. Par rapport aux pays européens et aux États-Unis, les pays du Sud global comme ceux de l’Asie du Sud-Est, de l’Afrique et de l’Amérique latine ont plutôt tendance à porter un regard positif sur la Chine. Comment voyez-vous les résultats de ces sondages et les différences qu’ils révèlent ?
Wang Yi :
L’amitié entre peuples est le fondement des relations bilatérales et aussi le moteur de la paix. Avec le développement économique et social constant de la Chine et l’élargissement continu de son ouverture de haut niveau, les échanges entre le peuple chinois et les autres peuples du monde se multiplient et leurs liens ne cessent de se resserrer.
Vous avez dit que les peuples du Sud global avaient une image positive de la Chine. C’est vrai. La Chine et les autres pays en développement, liés depuis toujours par une amitié sincère et unis par le cœur, ont une affinité naturelle. Dans le même temps, j’ai remarqué qu’il y a un engouement chez les populations des pays développés pour venir découvrir et embrasser la Chine. Que ce soit par des voyages touristiques ou par des interactions sur les réseaux sociaux, on a découvert une Chine sûre, ouverte et moderne, et fait connaissance de Chinois aimables, bienveillants et pleins d’humour. Comme l’a dit un jeune Américain, il ressent chez les Chinois une énorme énergie positive.
Le jugement des peuples est le soleil qui dissipe les préjugés. Le rapprochement des cœurs est une force qui fait disparaître les clivages. Nous sommes heureux de voir les amis de différents pays sortir de la bulle informationnelle et se libérer des préjugés pour venir voir de leurs propres yeux une Chine vraie et vive et connaître à cœur ouvert la forte vitalité des 1,4 milliard de Chinois.
Kyodo News : Après la rencontre entre le Premier Ministre japonais Shigeru Ishiba et le Président Xi Jinping en novembre dernier au Pérou, les échanges amicaux entre le Japon et la Chine deviennent de plus en plus actifs. Mais les deux pays ont aussi de nombreux problèmes entre eux. Quelle est votre commentaire sur les relations entre les deux pays ? La Chine a-t-elle l’intention de répondre favorablement aux inquiétudes et attentes de la partie japonaise concernant le retour sur le marché chinois des produits aquatiques japonais et un climat d’affaires rassurant pour les entreprises japonaises en Chine ?
Wang Yi :
En novembre dernier, les dirigeants chinois et japonais sont parvenus à un consensus important pour promouvoir, sur tous les plans, les relations mutuellement bénéfiques et stratégiques entre la Chine et le Japon et bâtir des relations sino-japonaises constructives, stables et conformes aux exigences de la nouvelle ère conformément à l’esprit des quatre documents politiques sino-japonais. Grâce aux efforts conjoints de part et d’autre, les relations sino-japonaises affichent une bonne dynamique d’amélioration et de développement. Nous sommes heureux de voir les différents milieux chinois et japonais renforcer leurs échanges, approfondir leur coopération mutuellement bénéfique et contribuer à l’amélioration des sentiments des deux peuples, ce qui est dans l’intérêt de long terme des deux pays. S’agissant des préoccupations concrètes de la partie japonaise, la partie chinoise les traitera adéquatement dans une attitude responsable et en conformité avec la loi et les réglementations.
Je voudrais souligner que cette année marque le
80
e
anniversaire de la victoire de la Guerre de résistance du peuple chinois contre l’agression japonaise. Garder l’Histoire à l’esprit, c’est pour mieux ouvrir l’avenir. Oublier l’Histoire, c’est perdre la bonne direction à suivre. Les militaristes japonais ont commis des crimes atroces contre le peuple chinois et les peuples d’autres pays asiatiques, et entraîné le peuple japonais dans un profond désastre. Prévenir la résurrection du spectre du militarisme est un devoir dont le Japon doit s’acquitter sans aucune relâche. C’est aussi une détermination ferme du peuple chinois et des autres peuples asiatiques à ne pas défier. Devant l’examen de la conscience et de la crédibilité, le Japon doit observer l’esprit de la Constitution pacifiste et poursuivre la voie du développement pacifique.
Le principe d’une seule Chine est le fondement politique des relations sino-japonaises. Voilà 80 ans que Taiwan est restitué à la Chine. Mais certains au Japon, sans se repentir, sont toujours en connivence avec les forces prônant l’« indépendance de Taiwan ». À eux, nous voulons dire que, plutôt que de crier « tout problème de Taiwan est problème du Japon », retenez bien que créer des problèmes sous le couvert de Taiwan, c’est créer des problèmes pour le Japon.